Formations au dialogue social. Priorité à l’innovation pédagogique et à la neutralité

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Les formations au dialogue social prévues par la loi El Kohmri auront bientôt leur cadre officiel. En avant-première, découvrez les orientations du cahier des charges rédigé par l’équipe de l’INTEFP et en cours de consultation par les organisations syndicales.

MAJ 21/08/18 : Le Cahier des charges des formations communes par l’Intefp est paru.

formations communes dialogue social

Crédit : dessin paru sur www.naudrh.com

Tout semble prêt, le cahier des charges des formations communes prévu par la loi El Khomri paraîtra dans les premiers jours de novembre. Il dévoilera également la composition du comité de pilotage national, chargé de suivre les avancées du référencement des organismes candidats et de l’expérimentation régionale.

Un cahier des charges « étalon » pour des formations ajustables 

La lecture du décret du 2 mai 2017 promet une usine à gaz quant à la mise en pratique du contenu du cahier des charges du projet « formations communes ». Comment en effet réunir dans un seul document une réponse aux besoins de « formation au dialogue social » d’une diversité importante d’acteurs, aux niveaux de connaissances variables, œuvrant dans des secteurs différents et des entreprises de toutes tailles ? A condition encore que ce besoin y soit exprimé.

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Consultez la version officielle du cahier des charges publiée le 30/07/18 et nos articles associés

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Le décret prévoit d’ailleurs que des conventions ou accords collectifs définissent leur propre cahier des charges, élevant ainsi la version nationale au rang d’étalon. L’expérimentation qui sera lancée en fin d’année à l’échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, donnera ainsi l’occasion d’observer la capacité des acteurs de terrain à s’approprier l’outil et à voir si une déclinaison territoriale est possible.

Favoriser des formations innovantes, orientées « échanges »

Les nombreux entretiens conduits depuis six mois avec des professionnels de la formation et les partenaires sociaux par l’équipe de l’INTEFP, ont ainsi permis de dégager des orientations. « Ce qui ressort tout d’abord, c’est le souhait de la plupart des personnes interrogées de profiter de cette occasion pour ‘‘faire de la formation autrement », c’est-à-dire de sortir des formations réglementaires, très juridiques, sur les prérogatives de chacun », explique Sébastien Grosjean, responsable de la mission « Formations communes » à l’INTEFP. « Nos interlocuteurs ont clairement exprimé un besoin de renouvellement des modalités pédagogiques : ils ne veulent plus de formateurs faisant défiler des diapos ou des powerpoints ! Les attentes s’orientent donc vers un lieu d’échanges, de dialogue, plutôt que vers une formation théorique. »

A la question des niveaux de connaissance très variables des futurs stagiaires qui risquent d’être constatés, le coordinateur répond : « Nous n’avons pas voulu rentrer dans ces considérations, car nous pensons qu’il est bon pour les échanges de mélanger les gens ».

Un niveau d’exigence et de neutralité élevé, réclamé par les acteurs du dialogue social

Une forte demande d’exigence concernant le contenu des « formations-échanges’’, a également été exprimée par les interlocuteurs de l’INTEFP, ainsi qu’une garantie de neutralité et d’équidistance dans les profils des participants et dans les contenus abordés.

« On nous a réclamé un cahier des charges plus strict que ceux qui régulent aujourd’hui les formations réglementaires, rapporte le chef de projet de l’INTEFP. Avec la vingtaine de pages qui le compose, nous pensons avoir atteint notre objectif et avoir balayé l’ensemble des exigences exprimées » ajoute-t-il satisfait.

Quant au suivi et à l’évaluation des formations ? « Nous attendons des retours s’appuyant à la fois sur les critères classiques utilisés dans le domaine de la formation et sur les critères propres aux formations communes définies dans le cahier des charges, c’est-à-dire la qualité de l’animation, la notion d’équidistance, la relation des participants, etc. ».

Organismes de formation : le référencement, système de sécurisation le plus souple

Qui délivrera les formations si ce n’est pas l’INTEFP ? En effet, selon le décret 2017-714 paru le 2 mai 2017, « l’Institut national du travail de l’emploi et de la formation professionnelle conçoit et dispense des formations communes, directement ou par l’intermédiaire d’un réseau de partenaires qu’il anime ».

« Pour faire en sorte que les formations communes ne soient pas captées comme un nouveau marché, il existe plusieurs niveaux de sécurisation, précise Sébastien Grosjean. Nous nous sommes orientés vers le plus souple et le plus adapté à notre avis : le référencement. En effet, mettre en place, une certification ou un label par exemple, implique des contraintes juridiques fortes » qui risqueraient donc d’entraver l’idée même de favoriser les initiatives de formations d’un nouveau genre. En pratique, un site internet permettra à chaque organisme candidat de soumettre son dossier pour référencement. Il devrait être en ligne au moment de la publication du cahier des charges au Journal officiel et se nommera : « Format Dialogue » (http://formatdialogue.intefp.fr/).

L’INTEFP pense ainsi être parvenu à l’équilibre délicat entre liberté d’innovation et encadrement de la qualité des formations.

Philippine Arnal-Roux

*L’INTEFP est notamment chargé de former les inspecteurs du travail

 

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