Stress et risques psychosociaux : définitions et moyens d’action

Sommaire

Le stress est une réaction naturelle de l’organisme à une menace, dont on a très peu parlé jusqu’à il y a quelques années. Voici un rappel de ce que sont stress et risques psychosociaux et des enjeux liés à leur prévention.

Depuis l’accord de juillet 2008 (accord national interprofessionnel sur le stress au travail) et celui de mars 2010 (accord sur le harcèlement et la violence au travail), des acteurs du monde du travail ont su se faire entendre et les pouvoirs publics ont pris conscience de l’enjeu social mais aussi économique qu’il représente. On a ainsi assisté à la multiplication d’accords pour la prévention des risques psychosociaux dans les entreprises.

Réaction psychologique et effets multiples des RPS

Stress au travail_RPS

Brochure d’informations éditée par l’INRS.

La définition la plus utilisée des risques psychosociaux, appelés de manière simplifiée « stress », est celle de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail :

« Le stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. Bien que le processus d’évaluation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas, eux, uniquement de même nature. Ils affectent également la santé physique, le bien-être et la productivité ».

Les facteurs de stress au travail

L’anxiété au travail est due à plusieurs sources selon l’INRS :

  • L’intensité et le temps de travail avec les exigences associées
  • L’exigence émotionnelle : cacher ses émotions, tensions avec le public, etc.
  • Le manque d’autonomie du à des procédures trop rigides ou la sous-utilisation des compétences
  • Les rapports sociaux de travail dégradés
  • Les conflits de valeurs, quand on doit réaliser quelque chose qu’on désapprouve.
  • L’insécurité dans la situation de travail : peur de perdre son emploi, etc

 Les trois types de réaction au stress

En fonction des personnes, les réactions aux facteurs de stress varient :

L’alarme ou le stress aigu. L’organisme réagit à une situation ponctuelle de stress, en augmentant la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la température corporelle, etc.

La résistance, quand la situation persiste. Le taux de sucre dans le sang augmente pour apporter l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau pour se préparer à faire face.

L’épuisement professionnel, le stress chronique ou le burn out. Quand les alarmes se multiplient et se reproduisent sur du long terme, le système de régulation de l’organisme est sans cesse activé sans parvenir à faire face et s’épuise. Des solutions individuelles d’hygiène de vie pour mieux résister, ainsi que des solutions collectives pour résoudre ces situations existent.

Qui doit agir face aux risques psychosociaux ?

Quand la prévention n’a pas été suffisante et que des situations de souffrance et de détresse humaines sont détectées dans l’entreprise, plusieurs acteurs sont susceptibles de réagir et d’agir.

Le médecin du travail. Outre les responsabilités de l’employeur édictées par le code du travail (lire ci-contre), le médecin du travail est l’interlocuteur privilégié, le conseiller à la fois de la direction, des travailleurs, des représentants du personnel et des services sociaux (art. R.4623-1 du code du travail). Le médecin du travail est habilité à proposer des mesures individuelles pour adapter un poste par exemple. Si l’employeur refuse de suivre ces recommandations, il doit se justifier ; si un désaccord se fait jour, le recours se fait auprès de l’inspecteur du travail (art. L. 4624-1).

Le CHSCT. Il est dans les prérogatives du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de promouvoir et de proposer des actions de prévention des risques professionnels dans l’entreprise (art. L. 4612-3). Si une cause de danger grave et imminent est détectée, les membres du CHSCT peuvent alerter l’employeur qui déclenche une enquête (art. L.4132-2). En cas de désaccord sur la réalité du danger, l’inspecteur du travail est sollicité (L. 4132-3 et 4).

Stress travail_RPS_harcelementL’expert agréé. Dans les cas d’un projet impactant les conditions de travail ou de risque grave révélé ou non par un accident de travail ou une maladie professionnelle, le CHSCT peut faire appel à un expert pour réaliser une expertise (L. 4614-12).

Le délégué du personnel peut également alerter l’employeur sur une situation particulière de danger. En cas d’absence de réaction de la direction ou de désaccord, le salarié ou le délégué lui-même saisissent le bureau de jugement du conseil de prud’hommes qui statut en référé (art. L. 2313-2).

Le salarié a recours également à une procédure de médiation en cas de harcèlement moral. Il peut aussi alerter son employeur et exercer son droit de retrait s’il se sent en danger.

Le syndicat, de son côté, peut s’adresser à la Justice en faveur d’un salarié, avec son accord écrit.

Le coût du stress : plus de 20 milliards d’euros par an

En Europe, le coût du stress d’origine professionnelle est estimé à environ 20 milliards d’euros par an. En France, une étude réalisée en 2007 l’a estimé entre 2 et 3 milliards d’euros (par l’INRS, Arts et Métiers ParisTech). Il correspond aux dépenses de soins, celles liées à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés. Il semblerait que ce coût soit encore largement sous-estimé. Plusieurs études montrent qu’il est profitable pour les entreprises d’investir dans la prévention collective du stress au travail dont le coût des mesures est amorti en une année environ.

Philippine Arnal-Roux

Sources : INRS, Eipas, travailler-mieux.gouv.fr, Insee. 

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