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Le Mandascop est un outil de référence pour déterminer les fonctions des mandataires et les accompagner dans la préparation d’une évolution professionnelle. Il a le mérite de récapituler ‘noir sur blanc’ les activités et compétences des représentants du personnel. Michel Rousseau, fondateur du cabinet Cédaet, choisi pour élaborer le Mandascop, nous rappelle dans quel contexte ce document a été créé.
« Mieux connaître les mandataires est une préoccupation portée depuis longtemps par les syndicats, avec l’ambition également, de valoriser les parcours des représentants du personnel. L’objectif du Mandascop est multiple :
- rendre plus transparente l’activité relative aux mandats ;
- mieux préparer les mandataires à l’exercice de leur mandat ;
- identifier et décrire des mandats types (regroupement de mandats poursuivant une mission analogue et reposant notamment sur un tronc commun d’activités et de savoir-faire) ;
- dégager les activités et compétences communes des mandataires mais aussi les prérequis spécifiques à l’exercice de chaque mandat type.
L’objectif du Mandascop : mieux connaître les mandataires pour mieux les accompagner
En 2010, le premier dictionnaire des instances d’exercice des mandats (élus de CE, membres de CHSCT, délégués du personnel, juges prud’hommaux, etc.) a été rédigé. Il comptabilise plusieurs centaines d’instances, en fournit les principales caractéristiques et précise les mandats exercés. Une fois cette première base de travail réalisée, le comité de projet constitué par les organisations syndicales nationales de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, Unsa) et d’employeurs (CGPME, Medef, UPA), avec l’appui de l’association RDS (Réalités du dialogue social), a confié au Céreq et au cabinet Cedaet, la création d’un outil destiné « à mieux gérer les mandataires ». En les connaissant mieux, il serait ainsi plus facile de les identifier, de les former, de les suivre dans leur parcours, mais aussi de les accompagner dans leur renouvellement et leur reconversion.
Une méthode d’observation au plus près de la réalité du travail
L’équipe de chercheurs et de sociologues a mené près de 130 entretiens avec des représentants des salariés et des employeurs exerçant un mandat sur la base d’un échantillon. Des fiches ont ainsi été établies pour chaque mandat-type, l’ensemble constituant le fameux Mandascop. Depuis 2011, ce guide a fait des émules, servant de base à plusieurs travaux en cours partout en France (Gesim, CIBC, CFDT, Instituts du travail, etc.) visant à créer des référentiels de compétences des élus du personnel utiles dans le cadre d’une reconversion professionnelle.
En 2017, la question reste entière et toujours partiellement sans réponse concrète, si ce n’est l’inscription dans la loi Rebsamen et la loi El Khomri, d’articles poussant les acteurs dans le sens de l’action. On attend ainsi l’inscription au RNCP*, de la liste des formations validant les compétences des IRP ; ainsi que la mise en place de formations spécifiques aux acteurs du dialogue social (avec l’InteFP).
Les syndicats encore en retrait sur la question des compétences de leurs militants
Pour Michel Rousseau (photo), la reconnaissance de ces compétences reste « une démarche schizophrénique car d’un côté, on avance, de l’autre on freine sur le sujet. Ce qui illustre bien, selon lui, la réalité du dialogue social avec un discours patronal et ministériel se satisfaisant plus du nombre d’accords signés que de leur contenu réel… ».
Si c’est bien le cœur de l’action des représentants des salariés qui est concerné, les syndicats sont encore trop en retrait sur cette question de la valorisation des compétences individuelles et collectives des élus du personnel malgré un réel renouveau de la formation syndicale. Pour le consultant du Cedaet, ce décalage s’explique par un appauvrissement des moyens des IRP, la fragilité grandissante de leur statut à cause de la crise économique et l’élargissement des compétences demandées aux mandatés. Sans compter, rajoute-t-il, « une certaine fossilisation de l’éducation populaire au sein du syndicalisme » et une perte de transmission de la culture ouvrière, liées aux profondes transformations des modes d’organisation des entreprises depuis les années 70.
La méthode de réalisation du Mandascop vise à restituer le sens et l’intelligence du travail
Les entretiens réalisés par le Céreq et le cabinet Cedaet entre octobre 2010 et septembre 2011 ont été menés de telle sorte que leur analyse permette de rapprocher missions, activités, savoirs et réseaux de relations pouvant être identifiés dans l’exercice de mandats particuliers.
La méthode utilisée, dite « ETED », pour » emploi-type étudié dans sa dynamique « , est avant tout un outil d’analyse des emplois, à partir du travail et de son exercice concret. « Elle s’appuie sur la narration du travail en train de se faire, avec les personnes en action, explique Michel Rousseau. « On arrive ainsi à faire verbaliser la personne en train de travailler. On la conduit à décrire son travail et en même temps à réfléchir sur sa propre action. L’analyse des entretiens permet de produire une description très riche, qui traduit le sens et la richesse du travail réalisé. Cette approche réduit le risque d’une instrumentalisation du travail par une approche réductrice de type pseudo technique ou pseudo gestionnaire. »
Philippine Arnal-Roux
Consultez le Mandascop sur le site de RDS.
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