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Le symposium de la médiation professionnelle se déroulait ce mois d’octobre à Toulouse, l’occasion pour les médiateurs de confronter leurs points de vue, d’échanger sur les pratiques et de travailler sur la qualité relationnelle, notamment sur un dialogue social de qualité.
Image tirée du site : www.revuegestion.ca
Jean-Louis Lascoux, Président de l’école professionnelle de la médiation et de la négociation, EPMN, a rappelé la nécessité de « promouvoir une évolution des relations humaines inscrite dans une démarche éthique, promotrice de l’altérité, de la qualité relationnelle et de l’entente sociale ».
Les dernières années ont vu les règles du dialogue social fortement évoluer et de nombreuses transformations sont en cours (étendue du champ de la négociation, refonte des instances de représentations du personnel). Quel champ d’intervention pose d’avantage la question de l’altérité, de la qualité relationnelle que celui du dialogue social dans les organisations ? Les postures et les interprétations prennent souvent le pas sur des échanges constructifs et porteurs de solutions pérennes. Il y a souvent matière à construire des situations conflictuelles dans lesquelles nous retrouverons pêle-mêle de la contrainte réciproque, des prêts d’intention de part et d’autre et des jugements à foison. C’est que le problème est ancien et notre pays n’a pas su construire un cadre favorable à cette entente sociale que prône les acteurs de la médiation.
Les raisons qui ont amenées cette situation sont multiples. Il serait difficile d’en faire un tour exhaustif. J’en vois néanmoins deux principales.
La première tient à notre habitude française de vouloir tout régir par la loi, le règlement, l’accord écrit à durée déterminée, renouvelable ou non. En matière de discrimination par exemple, nous empilons les critères les uns au-dessus des autres et la loi en compte 24 à ce jour. Cette contractualisation du dialogue social repose donc en partie sur l’absence de confiance réciproque et provoque inéluctablement des surenchères de part et d’autre : à la baisse ou à la hausse, sans que la médiane ou la moyenne des revendications ne satisfassent personne. Dès lors, la recherche d’une position d’ ‘altérocentrage’ chère aux médiateurs professionnels est rarement engagée – elle est d’ailleurs très peu souvent accompagnée par un tiers – et la solution finalisée n’aboutit qu’à un rapport de force où la notion de ‘gagnant-gagnant’ n’est pas de mise.
La seconde tient à l’une des composantes majeures de l’entente sociale : l’instruction. Elle sera d’ailleurs au cœur du prochain symposium de la médiation professionnelle à Rennes en 2019. Pour construire la qualité relationnelle, les parties doivent être instruites, maitriser leur champ d’intervention, avoir les capacités à se projeter, comprendre les concepts. Ce n’est que trop rarement le cas et ma pratique professionnelle m’a démontré les difficultés à construire un dialogue social dans lequel les acteurs sont insuffisamment outillés, notamment sur le plan des compétences relatives aux sujets à traiter. Les organisations sont rares dans lesquelles la part de la formation consacrée aux objets de discussion et de négociation est suffisante.
La BDES, un outil d’information central dans l’entreprise
Il suffit pour s’en convaincre aussi de constater les difficultés pour les élus à accéder à l’information. Un seul exemple : la BDES, outil de partage de l’information entre élus et employeur est aujourd’hui globalement peu mise en place ou souvent insuffisamment pour devenir un pilier de cette instruction nécessaire à l’entente sociale. Sur ce point, les employeurs sont les principaux responsables de cette apathie sans pour autant que les organisations syndicales en aient fait un réel cheval de bataille et identifient ce sujet comme majeur.
Voilà donc un chantier pertinent pour qui veut contribuer à la qualité relationnelle et à l’entente sociale dans nos entreprises et organisations. La matière est là et le contexte de la refondation liée à la mise en place du nouveau CSE est l’occasion de s’y atteler.
Stéphane Roose, directeur associé du cabinet Impact études.
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