Baromètre discrimination au travail. Le rôle croissant des syndicats auprès des victimes

Sommaire

D’après le rapport, publié en décembre 2020, les représentants du personnel sont davantage perçus comme efficaces pour lutter contre la discrimination au travail qu’auparavant.


discrimination au travailCette année, le baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi* brosse un portrait en demi-teinte du monde du travail. Pour cette treizième édition, le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT) montrent qu’un nombre toujours élevé de personnes souffrent de discrimination au travail, notamment à cause de leur apparence physique, de leur sexe ou de leur état de santé. Les auteurs des faits de discrimination sont rarement sanctionnés mais, point positif, les victimes osent de plus en plus parler. Elles ont notamment davantage recours aux représentants du personnel.

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Près d’un quart de la population dit avoir été victime de discrimination

C’est un chiffre étourdissant : près de 42 % des personnes actives rapportent avoir été témoins de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de leurs activités professionnelles. Ont-elles moins peur de faire de ce genre de constat aujourd’hui qu’auparavant ? Les auteurs du rapport ne se prononcent pas. En tout cas, depuis 2012, la proportion de personnes se considérant comme témoins de tels agissements a significativement augmenté (+ 8 points). Cet aspect est d’autant plus intéressant que la proportion de la population active déclarant avoir été discriminées dans l’emploi a légèrement diminué depuis 2013 (- 7 points).

Pour autant, les chiffres demeurent alarmants. En 2020, 23 % de la population active a ainsi déclaré avoir été victime de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans l’emploi. Années après années, les principaux critères de discriminations ne changent pas : il s’agit toujours de l’apparence physique, du sexe et de l’état de santé. Les activités syndicales représentent, elles, un motif de discrimination pour 18 % des personnes interrogées.

Le harcèlement discriminatoire, de quoi parle-t-on ?

D’après la loi (article 1 de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008), le harcèlement discriminatoire est une forme de discrimination et se définit comme : « tout agissement lié à [un motif prohibé], subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant, offensant ».

 

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Des vies chamboulées par la discrimination au travail

Les victimes rapportent que ces expériences ont généralement eu des conséquences négatives sur leur vie privée comme professionnelle. À la suite des faits, 31 % affirment qu’elles ont démissionné ou ont négocié un licenciement. Outre les conséquences sur la carrière, les personnes interrogées évoquent par ailleurs des sentiments de colère mais aussi de fatigue et de dépression, menant souvent à des relations perturbées avec leur famille et leurs amis.

À cela s’ajoute que les personnes discriminées ont davantage tendance à s’autocensurer, c’est-à-dire à ne pas postuler à des offres d’emploi qui pourtant correspondraient à leurs compétences, de peur de se voir à nouveau discriminées. Une majorité d’entre elles (70 %) pense effectivement qu’elles le seront à nouveau.

Peu de sanctions mais des syndicats perçus comme efficaces

Dans le rapport, un chiffre alarme : d’après les victimes de discrimination, les auteurs des faits ne seraient que très peu confrontés à des répercussions négatives. Seulement 9 % d’entre eux seraient en effet sanctionnés, mutés ou licenciés. À l’inverse, 19 % des victimes disent avoir été licenciées ou non renouvelées après les faits, et 14 % ont reçu un avertissement ou un blâme ou bien ont été mutées contre leur gré.

Malgré ce constat décourageant, les expériences de discrimination donnent de plus en plus lieu à des signalements ou à des demandes d’information ou de recours. Depuis 2012, le Défenseur des droits remarque dans son rapport que les victimes sont deux fois plus nombreuses à alerter sur leur situation et à faire valoir leurs droits. Tout comme le recours à un avocat, aux représentants du personnel ou à un syndicat, qui a lui aussi connu une forte hausse entre 2013 et 2020 (+ 21 points dans la fonction publique, + 15 points parmi les salariés du privé).

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Mieux encore : aujourd’hui, plus de la moitié des personnes actives (52 %) estime que les syndicats et représentants du personnel sont efficaces pour aider les salariés et les agents de la fonction publique ayant vécu une discrimination ou un harcèlement discriminatoire. Cela représente une augmentation de 6 points par rapport à 2013.

Lou-Eve Popper

*13° Baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi