Syndicat Google. Deux ingénieurs créent leur première section chez le géant du net

À la suite de vives tensions avec la direction, des salariés de la firme Google ont fondé, au début de l’année 2021, le premier syndicat de l’entreprise. Une révolution au sein des grands fleurons de la tech américaine.

 

syndicat google1C’est un coup de tonnerre au cœur de la Silicon Valley. Alors que ni Microsoft ni Apple ne disposent de syndicats, Google aura désormais le sien. Le 4 janvier 2021, deux ingénieurs du géant du web ont en effet créé la toute première organisation syndicale de l’entreprise. Le chemin risque cependant d’être long avant que l’instance n’acquière une légitimité.

 

 

 

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Des tensions de longue date avec la direction

Cela faisait déjà plusieurs années que le ton montait insensiblement entre les salariés et la direction d’Alphabet, l’immense entité dont Google est désormais une filiale. En 2018 déjà, des manifestations de plusieurs dizaines d’employés avaient lieu alors que deux dirigeants, accusés de harcèlement sexuel, avaient été invités à démissionner, empochant au passage des chèques de plusieurs dizaines de millions de dollars. Cette même année, les salariés de Google avaient également protesté contre la participation de la firme au programme de recherche du Pentagone baptisé « Maven ». Depuis abandonné, le programme militaire avait pour ambition « d’utiliser l’intelligence artificielle développée par Google sur une flotte de drones autonomes munis de caméras »*.

Plus récemment, en décembre 2020, le licenciement de Timnit Gebrut, une chercheuse noire co-fondatrice d’un groupe de recherche nommé « Black in AI » et qui travaillait pour Google sur les questions d’éthiques liées à l’intelligence artificielle*, avait définitivement mit le feu aux poudres.

 

Info de dernière minute…

Moins de 3 semaines après l’annonce du lancement d’un syndicat des travailleurs d’Alphabet aux États-Unis, une coalition internationale réunissant 13 syndicats (Verdi, Unionen, etc..) de Google de 10 pays a vu le jour lundi 25 janvier 2021.

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Évoquer des problématiques sociétales

« Nous n’en pouvons plus » ont ainsi écrit, dans une tribune publiée dans le New-York Times* le 4 janvier 2021, les fondateurs du syndicat, Parul Koul, une ingénieure ayant rejoint la firme en 2019 et Chewy Saw, un ingénieur y travaillant depuis 2011.

Les deux salariés prévoient de se saisir du syndicat pour évoquer avec la direction les questions liées aux rémunérations et aux conditions de travail, mais également les problématiques sociétales, comme le rôle de la technologie au sein de la société. « Nous espérons créer un processus démocratique pour les salariés afin qu’ils puissent y exercer leur pouvoir, promouvoir la justice sociale, économique et environnementale ; et mettre fin aux disparités injustes entre les TVCs (intérimaires, vendeurs et contractuels) et FTEs (salariés à temps) », expliquent par ailleurs les fondateurs dans leur tribune*.

Face à cette initiative, la direction de Google a déclaré que « bien évidemment que nos employés ont des droits que nous soutenons. Mais, comme nous l’avons toujours fait, nous continuerons à discuter directement avec tous nos salariés »*. L’entreprise proposait en effet jusqu’ici des réunions hebdomadaires pour faire remonter des idées ou des revendications. Cependant, des salariés ont déploré que ces réunions hebdomadaires soient devenues mensuelles.

 

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Des difficultés à venir pour le syndicat Google

Pour autant, les fondateurs du syndicat sont loin d’être parvenus au bout de leurs peines. Leur nouvelle instance est ouverte à tous les salariés d’Alphabet, qui comprend plusieurs filiales dont YouTube et Google et réunit plus de 130 000 salariés. Mais au 7 janvier dernier, seuls 530 salariés avaient fait part de leur intention de rejoindre le syndicat*.

 

Par ailleurs, leur organisation n’est toujours pas en mesure de signer des accords avec la direction. Pour que le syndicat dispose de cette capacité, il faut que cela fasse l’objet d’un vote, qui lui-même ne sera organisé que si 30 % des salariés affirment être intéressés par la création d’un syndicat. Or c’est encore loin d’être le cas.

 

Lou-Eve Popper

 

 

Sources :

* « Pourquoi la création d’un syndicat chez Google est une vraie avancée (et pourquoi ça ne change pas tout) », France Inter.

* « Projet Maven : Google met fin à son partenariat avec le Pentagone américain », Sciences et Avenir.

* « We built Google. This is not the company we want to work for », New-York Times.

* « Des salariés créent un syndicat chez Google après des mois de vives tensions », France 24.

* « Des salariés de Google créent un syndicat après des mois de tensions internes », Le Monde.

* « Vidéo. Création d’un syndicat chez Google : il y a désormais deux catégories de salariés au sein de l’entreprise ».